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Calcul mental, calculs mentaux, calculs menteurs

Cette nuit je me suis fait un petit calcul.
Pas dans l’uretère, ni biliaire, non, seulement dans ma tête !
Et, comme je n’ai jamais été très fort pour le calcul mental à l’école (on ne va pas revenir là-dessus…), ce matin, dès le réveil, la première chose que je fis, fut de sauter sur une calculette afin de vérifier si je ne m’étais pas trompé…
Hé ben non… ! J’avais raison ! Nous serons tous morts dans 26 jours… !
Et quand je dis tous, c’est bien tous, vous, moi, et même le milliard de petits chinois là-bas à l’autre bout de la planète…
Je m’explique ; avant-hier, on était à 50 décès suite à ce machin qu’on appelle très gentiment coronavirus–alors que c’est une belle saloperie– hier à 100 décès, et ce matin… à 200 … je vois que vous commencez à comprendre où c’est’y que je veux en venir… ! Alors à vos calculettes vous aussi… !
Hé ouais… c’est bien ça… à ce rythme là dans 26 jours on approchera les 6 milliards et demi de macchabés.
Oui, je le sais bien, on est environ 9 milliards… Mais là vous chipotez un peu parce que si vous regardez bien il suffira juste d’une dernière petite demi-journée pour fignoler le travail…
Même pas un mois… et encore ça c’est pour les plus chanceux d’entre nous…
Un peu con je trouve de finir comme ça. En toussant…
Bon… Je vais vous laisser parce que j’ai encore pas mal de trucs à faire si vous voyez ce que je veux dire… Heureux de vous avoir connu…

Des nouvelles…

Bien le bonjour !
Je sais… Je vous ai manqué pendant ces quinze derniers jours… ! Mais me revoilou !
Ernest Salgrenn le retour !
Bon… Quoi de neuf alors ? Et vous ? Ça va ?
Pas trop inquiet avec ce nouveau virus chinois ? Moi, je commence un peu à avoir les chocottes tout de même. Par mesure de précaution, j’oblige ma femme à porter un masque toute la journée. Ça ne mange pas de pain comme dirait l’autre. Elle râle un peu bobonne, mais ça c’est pas nouveau.
Et les grèves ? C’est complètement dingue non cette histoire aussi ?!
Je me demande comment font depuis un mois tous ces pauvres bougres qui avaient décidé de commencer l’année en se jetant sous un train… ? Et les médocs qui augmentent en plus. Et puis le paracétamol qui n’est plus en vente libre dans les pharmacies. Reste que l’ennui devant la téloche pour se flinguer à pas cher. Certes, c’est plus long et plus douloureux, mais ça marche aussi… (Un conseil: essayez la huit ou la neuf si vous êtes vraiment pressés).
Bon… Des bonnes nouvelles… ? Attendez… Je cherche…
Ah si… Mon roman avance bien… déjà plus de 600 lectures sur le site SCRIBAY ! Je suis content. J’ai de bons retours sur les premiers chapitres. On me corrige même mes fautes d’orthographes. Vous êtes allés voir la chose ? Faut surtout pas hésiter, c’est gratos ! Mais bientôt faudra peut-être payer pour lire… Et là, j’me ferai des c……s en or !
Je m’exerce déjà pour les séances de dédicaces, histoire de ne pas être pris au dépourvu. Avec ma petite femme comme cobaye. Attendez… une seconde…
— Chérie… ? Pourquoi tu tousses… ?

Bonnes résolutions

Mon premier roman paraîtra avant la fin de cette nouvelle année… !

Plus qu’une résolution, c’est une promesse !

Et la machine est lancée…

Les premiers chapîtres sont déjà disponibles sur le site SCRIBAY (www.scribay.com) qui se définit comme le site des écrivains d’aujourd’hui et de demain… !

Je vous donne l’adresse exacte au cas où…

https://www.scribay.com/text/2109235537/le-coup-du-dodo-ou-comment-la-sainte-nitouche–dieu-et-ses-amis-ont-pousses-le-bouchon-un-peu-loin—

Ouais, je sais… le titre est un peu long ! Mais il se retient tout de même assez facilement !

De quoi ça cause ?!
C’est un coup de gueule écologique, avec des personnages attachants, mais qui sont tous de beaux salopards, un héros qui n’en est pas un et surtout des femmes fortes qui tirent toujours leur épingle du jeu. On y retrouve pêle-mêle : Brigitte Bardot, un éléphant, un petit chien, des clowns, une mallette en skaï, de l’alcool, un peu de drogue aussi, des incendies de forêts (mais ce n’est pas en Australie…), du sexe bien sûr, et puis du suspens, parce que mine de rien on est à quatre jours de la fin du monde…
Bref… On se marre bien !

PS : J’avais oublié… il y a aussi des strip-teaseuses, du chocolat, des distributions de porte-clés, et plein de voyages à gagner…. !
(Si avec ça je n’attire pas le lecteur !)

ELSA

Ils sont venus me chercher à l’hôtel. En moto-taxi.

Et puis, très bien reçu ensuite. Avec tous les honneurs.

Ma loge est très joliment décorée, un magnifique bouquet de fleurs de saison, et une maquilleuse extrêmement sympathique, mais qui ne parle pas un mot de français. J’ai même eu droit aux cadeaux de bienvenue, ils savent recevoir leurs invités ; une bouteille de cidre brut, et des petits sablés bretons de chez Traou Mad. Apparemment ils se sont bien renseignés sur mes goûts, ou bien mon attachée de presse à fait correctement son boulot, pour une fois.

Mine de rien, je leur coûte beaucoup moins cher que Beigbeder et sa coke, Houellebecq et son whisky irlandais, ou bien encore la Nothomb, avec son champ’ Roederer d’une grande cuvée millésimée…

Thierry est passé me voir quelques minutes avant le début de l’émission. Sapé tout en noir bien sûr, mon dernier bouquin dans une main, et ses fiches cartonnées dans l’autre.

— Bonjour Salgrenn ! Ça me fait vraiment plaisir de te recevoir… J’ai adoré ton livre ! me lance-t-il.

Je lui dirai bien qu’ils sont plus de deux millions comme lui, à l’avoir adoré ce bouquin, mais cela serait probablement un peu trop prétentieux.

— Et tu le mérites largement ce Renaudot ! rajoute-t-il, un brin flatteur.

— Merci… C’est le Goncourt que j’ai eu… !

Je ne l’aurai peut-être pas reconnu si je l’avais croisé un jour dans la rue. Enfin, je veux dire si je ne l’avais pas vu et revu pendant toutes ces années à la téloche. Pourtant, en y regardant un peu mieux, il a finalement conservé ce petit air de supériorité que je lui ai connu dans le temps, et qu’il conserve encore avec tout le monde.

— Ça ne te déranges pas si je te pose deux ou trois questions avant que l’on commence ? Il y a quand même pas mal de part d’ombres dans ta vie, il me semble…

— Normal, non ?! Il est essentiel d’entretenir un certain mystère, histoire d’attiser la curiosité malsaine des gens… !

Je ne sais pas exactement pourquoi je suis venu ici. Ai-je vraiment besoin de tout ceci après tout… ? Je suis déjà une icône absolue pour tant de gens, ce n’est décemment plus la peine d’en rajouter.

— Arielle est là… ?

J’avais finalement consenti à participer à cette émission, à la seule condition qu’Arielle Domsbale vienne aussi. C’était là ma seule exigence, et mon seul véritable petit caprice de star. Je suis tellement jaloux de BHL… Et pas seulement parce qu’il possède une femme merveilleuse, il est aussi le seul d’entre-nous qui manie avec classe le mot « ignominie »…

— Non, mais ne t’inquiète pas, elle va arriver…

— Seule ?!

— Oui, oui, toute seule… Bernard-Henri est au Mali en ce moment… ou au Pakistan peut-être… enfin dans ce coin là, mais je ne me rappelle plus très bien ce qu’elle m’a dit !

Il est toujours aussi nul en géographie, et je me suis souvent demandé comment il avait réussi son bachot, lui.

— Bon… Dis-moi un peu, j’ai lu quelque part que tu avais fait de la prison plus jeune ?! Trop génial ça ! Impeccable ! Tu sais que cela rentre parfaitement dans les cases de l’écrivain maudit, ce genre d’anecdote !

— Oui, mais je ne picole pas ! Pas de drogues dures non plus, et ça, c’est tout de même un sacré handicap, je pense, pour rentrer dans tes bonnes cases !

— M’Ouais…

Il ne peut s’empêcher de se toucher le pif. Réflexe pavlovien archaïque…

— …Bon, ok, alors qu’est-ce que tu avais donc fait de si grave pour finir en cabane ?

— Ben, pas grand chose en vérité… Seulement des cheveux un peu trop longs ! Pas la coupe réglementaire ! Mais suffisant pour écoper de trois jours d’arrêt ; ça ne rigolait pas dans l’armée à cette époque !

Lui, il a été réformé. Il s’est fait passé pour fou, pour ne pas le faire son service militaire. Moi, j’ai fait mes douze mois comme tout le monde. A l’inverse, j’ai fait semblant d’être sain d’esprit…

— Ah… Bon on va passer là-dessus alors… C’est beaucoup moins glauque que je ne le croyais finalement ton histoire de taule ! Mais tu as surement autre chose de plus vendeur à nous raconter ce soir ?! Allez… un petit effort ! Un petit scoop sur toi ! Ce serait super sympa si tu nous faisais le buzz dans l’émission !

Le clash, il n’y a plus que cela qui les intéresse maintenant. Des clashs et du buzz pour faire monter l’audience, et affoler les compteurs de l’audimat. L’idéal serait sûrement que je lui promette de baisser mon froc, et puis de montrer mon cul, mais seulement en toute fin d’émission, histoire de tenir les téléspectateurs en haleine jusqu’au bout.

— Entendu… Alors, pour te faire plaisir, j’ai peut-être quelque chose de plus intéressant pour toi…

— Trop cool ! Et c’est quoi au juste ?

Il s’apprête à tout noter sur ses fiches, mais je l’arrête immédiatement :

— Non… Préfèrerai plutôt garder la surprise pour le direct. Je pense que si tu n’es pas au courant, l’effet sera encore plus fort pour les téléspectateurs, j’en suis convaincu…

Voilà Baffie, qui lui aussi vient dire bonsoir à la vedette du jour. Je l’aime bien celui-là. Le genre de type qui décape bien le paf. Il a un sacré talent pour ça, c’est sûr et certain. Et puis lui aussi a vu sa mère se faire tabasser par son pater, cela doit nous rapprocher un peu, quelque part. Il me félicite évidemment pour mon succés, me demande même un autographe. Je suis comme sur un petit nuage. Un jour, peut-être que je leur demanderai de me lécher les pieds. Et ils le feront bien sûr, tous ces cons.

— Tiens mon Lolo… J’en ai une pour ton prochain dico…Définition de la Psychanalyse… ?!

Tout de suite, il a les yeux qui brillent.

— Psychanalyse : déshabillé de soi… !

Mais, c’est l’heure maintenant. Entrée des artistes. Lumière rouge, ça tourne sur le plateau, et les caméras, la deux et la trois, sont déjà braquées sur moi.

— …Ce soir, nous avons le plaisir d’accueillir Ernest Salgrenn, le célèbre écrivain à succés, qui vient de remporter le prix…

Et patati, et patata… ! Voilà bien pourquoi je n’accepte plus aucune invitation à la télévision. La brosse à reluire ce n’est vraiment pas mon truc. Mais je les emmerde tous, et lui en particulier. Et cela me console, et me sauve aussi d’une certaine façon, car il est évident que seul le cynisme sauvera mon monde.

Arielle est là.

Elle est arrivée en retard, mais elle est là tout de même. Et en la voyant pour de vrai, je ne comprends toujours pas mon attirance pour toutes ces vieilles femmes anorexiques, qui luttent, jour après jour, contre les affres de l’âge. Un manque récurrent de lucidité de ma part…

Maintenant, il me passe la main, l’interview a commencé. Alors, sans aucune hésitation, j’attaque directly…

— Te souviens-tu d’Elsa Grënn-Stern… ?!

Ça y est, j’ai lâché le morceau, et il va l’avoir finalement son buzz, le Thierry Ardisson, l’homme en noir de la télé du samedi soir.

— …Hein… ?! Quoi… Qui ça… ?! Elsa ? Mais quelle Elsa… ?!

Je sais maintenant qu’il ne l’a pas oublié la petite Elsa. Je l’ai vu immédiatement dans ses yeux. Elle est toujours là, bien présente dans son subconscient.

— Elsa Grënn-Stern… seconde A4, lycée de l’Empéri, Salon de Provence, dix-neuf cent soixante-sept… cela te rappelle quand même quelque chose, non ?!

Non, il est évident qu’il ne l’a pas oublié la petite Elsa, et le voilà qui panique un peu maintenant…

— …Mais… mais comment… tu… tu étais à l’Empéri toi aussi… ?!

— Hé oui, mon vieux… ! Même bahut que toi jusqu’à la terminale… Ça te la coupe hein… ?!

— C’est la petite salope que tu niquais dans les chiottes pendant la récré… !

Baffie reprends ses marques. Le sniper de mes deux est de retour. Et en pleine forme, ce salopard.

— Exactement… En plein dans le mille mon pote ! A en croire que c’est toi qui faisait le guet derrière la porte… ?!

L’ambiance a comme baissée d’un cran sur le plateau. On est en direct aujourd’hui, aussi ils vont avoir du mal à gérer la situation si cela dérape pour de bon. Un Bukowski, complètement bourré et qui s’écroule en gerbant sa vinasse, serait finalement comme un gâteau aux amandes avec de la chantilly par dessus, comparé à ce qui les attends ce soir…

— Alors, tu te la remets bien en mémoire maintenant, cette petite Elsa… ?!

On doit lui causer dans l’oreillette. Et certainement lui dire de temporiser, ou encore mieux, d’improviser, tandis qu’ils vont voir ce qu’ils peuvent faire, eux, de leur coté pour que je la ferme.

— Oui… bien sûr que je me souviens d’elle… Elsa… Mon premier amour…

Cinq minutes à peine, et le voilà qui chiale déjà. Je devrais lui refiler deux ou trois de mes meilleurs cachetons d’anti-dépresseur à Thierry.

— Ah bon ?! Parce que tu l’aimais vraiment cette petite ?

— Évidemment que je l’aimais ! J’étais fou d’elle ! Et je ne me suis jamais remis de l’avoir perdu…

L’assistante plateau vient lui donner un kleenex. L’émotion gagne le public. Les pétasses en mini-jupes du premier rang ont, elles aussi, le nez qui coule. C’est tellement beau la téloche le samedi soir, surtout quand c’est bien fait, et que ça renifle comme ça dans tous les recoins. Les voilà fins prêts pour le coup de grâce…

— C’est moi… Thierry… ! la petite Elsa… hé bien, c’est moi la petite Elsa… !

Silence total. Même Laurent Baffie, l’odieux, le sale gosse, a la chique coupée cette fois-ci. Et ce soir, à cet instant précis, nous entrons certainement, tous ici, dans la grande légende dorée de la petite lucarne…

— Car vois-tu, Thierry… l’Ernest Salgrenn, celui d’aujourd’hui, et cette petite Elsa Grënn-Stern de mille neuf cent soixante-sept, ne sont en réalité que la même personne !

Mouvements désordonnés des caméras. Les ordres de la régie demandent sans aucun doute maintenant, un cadrage plus serré. Il ne faut absolument pas perdre une miette de tout ceci, car des millions de gens regardent, des millions de gens attendent… Des millions de gens veulent savoir…

Alors, consentant, je souris, plein cadre pour la postérité. Pour ma postérité…

Et maintenant, maintenant, je vais tout leur expliquer. Et leur montrer mes cicatrices. Qu’ils vont peut-être même vouloir toucher. Mais après tout, s’il le faut… Oui, si cela est vraiment nécessaire après tout, pour que tous, tous ici et partout ailleurs, comprennent mieux la supercherie…

Puis, plus tard, je vais certainement pleurer. Moi aussi.

Devant ces millions de gens…

Les vœux d’un vieux c…

J’ai mis des pointillés. Parce qu’il y a encore, parfois, des gosses qui lisent mes textes.
N’importe comment ce n’est pas nouveau, toute ma vie j’ai mis des pointillés un peu partout. Pour amortir les choses, il n’y a rien de mieux que des suspensions…
Nous y voilà donc. Deux mille vingt. Ô putain… !
Hier soir, c’était réveillon sur la planète. On fête. On ripaille. On s’amuse.
Avant ça, j’avais allumé la téloche, pour les vœux du Président d’la Ré. Et droit dans ses bottes, le voilà qui nous a encore causé de notre avenir à tous, très sûr de lui, comme toujours. Il en a de la veine de voir aussi loin. Pour nous. Moi perso, je ne vois plus très bien aujourd’hui. Il est tout flou, mon horizon… même avec ma paire de binocle remboursée à cent pour cent par la Sécu.
J’ai éteint vite fait. Cela n’aurait pas été très honnête de ma part d’attendre la fin de son allocution, n’ayant pas grand-chose à lui souhaiter de bon, moi, de ce coté du poste…
Et puis, ça rime vraiment à quoi toutes ces conneries ?! Meilleurs vœux ! Bonne année à tous ! Hé bien non… Je ne vous souhaite rien du tout, les gars ! Rien, nada, que t’chi ! Et puis, j’en ai rien à foutre non plus de vos bons vœux !
Mais… La santé… ? La santé quand même… ? C’est important la santé, non ?! Hé ben, vous pouvez vous la carrer où je pense aussi votre santé ; parce que je vais crever, alors rien que pour ça, je vous em…. tous !
Et revoilà les pointillés. Quand je vous le disais que j’en fiche partout de ces saloperies de points de suspension.
Des poings dans la gueule de certains aussi, j’en ai mis quelques fois. Peut-être pas assez, d’ailleurs. J’aurai du m’appliquer un peu plus pour ça aussi. Un regret de plus…
Putain, que ça passe vite la vie, non ?… Merde alors, t’as pas le temps de te retourner, que ça y est ; on t’emballe déjà dans la boite capitonnée. Avoir quatre-vingt balais en deux mille vingt… ? Tu parles d’une aubaine, toi ! On n’est que le premier jour, mais je sens bien déjà que je ne vais pas l’aimer cette année là !
Demain j’ai chimio. A l’hôpital des cancéreux. Qu’est tout beau, tout neuf.
On va tenter quelque chose d’autre, qu’il m’a dit, l’autre jour, le professeur Du Schmol… Lui aussi, il aime bien en foutre des pointillés un peu partout. Mais les siens, ils n’enjolivent pas grand-chose, la plupart du temps. Et puis surtout, on dirait presque qu’il en a plus peur que moi, ce con, de ma maladie incurable. Alors, je l’em… lui aussi. Définitivement. Et demain, je le lui dirai d’ailleurs. J’ai bien le droit après tout ; y parait que l’on ne peut rien refuser à un mourant…
Maintenant, même leurs bêtisiers à la télé ne me font plus rire.
Plus rien ne me fait rigoler.
Si… sauf peut-être encore, ma sale tronche de vieux con dans une glace. Alors, je passe des heures à me scruter dans les miroirs. Et je me regarde mourir bien en face, et à vue d’œil. Voilà quelque chose de marrant. Désopilante décrépitude orchestrée de main de maître… Tu parles… Un sacré salaud, oui !
Tiens… demain j’ai chimio, mais je n’irai pas !
Demain, après tout, je ferai autre chose de beaucoup plus intéressant.
Demain, j’irai me balader dans la forêt, juste derrière chez moi. Je parlerai aux arbres. J’écouterai les zoziaux qui chantent. Et je regarderai mon chien courir devant moi en remuant la queue. Il ne sait pas encore qu’il va finir à la SPA…
Demain, je ferai une lessive de blanc. Et une avec des couleurs, aussi. Celles de mes chemises à fleurs que je portais l’été.
Et puis demain, j’écrirai mon testament sur ce joli papier bleuté, avec un filigrane…
Celui que j’avais acheté pour écrire à ma petite chérie…
Elle avait seize ans, et je n’en avais qu’un de plus qu’elle. On s’aimait, et on se le disait toutes les cinq minutes. J’aurai fait n’importe quoi pour la garder près de moi. Et puis finalement, j’ai fait n’importe quoi… et je l’ai perdu.
Toute une vie comme ça, à faire n’importe quoi… Toute une vie entière, celle d’un vieux con qui va crever bientôt… Avec tout un tas de pointillés, plein le corps, et plein la tête aussi…
Demain…
Alors vous comprendrez que dans ces conditions, hé bien… je ne vous la souhaite pas, bande de salopards !