» Mais, qu’est-ce tu fous là ? Je te cherche partout… !
— … Rien… je rangeais un peu…
— Tu ranges ?!
— Oui, parfaitement, je range ! Notre cave est un véritable bordel… comment peut-on vivre avec une cave aussi mal rangée… ?!
Elle me regarde du haut des escaliers. Une toile d’araignée pend juste au dessus de sa tête. La loupiote du plafonnier se met à grésiller. Elle est belle, ma femme, en robe de chambre.
— Pendant que tu y es, tu devrais peut-être aussi jeter un coup d’œil à l’électricité… ! Et puis, tiens… on vient d’apporter ça, pour toi…
Elle me tend un petit paquet. Je remonte les quelques marches qui nous séparent.
— C’est quoi, ce truc ?! De l’iodure de… de…
— de potassium !
— Oui, c’est ça ! De potassium… ! Mais que comptes-tu donc faire avec tous ces comprimés ?
— … C’est pour nos bonzaïs… ! Ça devrait leur filer un coup de fouet ! Je l’ai lu dans le télé Z de la semaine dernière… tu sais, à la fin, dans la rubrique « Jardinage »… !
Je lui prends délicatement le paquet des mains. Tout à coup, la porte derrière elle claque, sûrement à cause du courant d’air. Et puis, la lumière s’éteint. Dans l’obscurité, je remonte encore d’une marche et passe un bras autour de sa taille.
— Je t’aime, tu sais…
— Oui, je sais… moi aussi, mon chéri…
Le sol, alors, sous nous, vibre…
- Ya tebya lyublyu : Je t’aime (russe).
Texte et photographie Ernest Salgrenn. Février 2022. Tous droits réservés.
Bravo. Belle pirouette touchante au bordel.
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Merci ! Simplement quelques mots pour calmer mon angoisse ce matin.
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Elle n’ukraine pas le noir, votre amoureuse, c’est un signal d’amour, quand on sait qui tisse la toile d’araignée…
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Elle est si douce la langue russe…
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Quelle jolie manière de conter l’horreur de la guerre !
De toute façon,si l’on regarde bien, que pourrait-il rester de la vie si ce n’est l’amour ?
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S’il n’y a plus de vie, il n’y a plus d’amour non plus. Juste le silence de la mort qui nous mange avant que nous nous évaporions pour nous disperser dans l’univers, en espérant que cela ne sera pas pour recommencer un tour de chauffe…
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La matière (tes milliards de petits atomes !) qui te constitue ne peut pas disparaître… Tu te retrouveras donc forcément quelque part (mais en vrac… !).
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Et en vrac en plus ! Moi qui le suis déjà (façon puzzle) depuis 4 jours !…
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Ya tebya lyoublyou, excellent souvenir du film « La grande évasion ».
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J’aurai plutôt pensé à « Docteur Folamour »…
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