« Allo… ?
C’est Richard. Le Richard de la direction éditoriale. Ce type du troisième étage qui fait la pluie et le beau temps chez Albin Michel.
— Richard… ?
Je regarde l’heure au plafond (affichage lumineux). Trois heures seize…
— Putain, Richard, est-ce que tu sais l’heure qu’il est ?!
Il répond que oui, mais qu’il s’en fout pas mal de l’heure. J’ai l’impression qu’il chiale, ce con.
— Tu pleures… qu’est-ce qui se passe… c’est grave, Richard… ?
J’imagine le pire. Pour lui, en tout cas. Un accident de bagnole sur le périph, une envie de suicide en pleine nuit, un bad trip… ? Ce type se drogue, j’en suis persuadé… je crois que je l’ai toujours su… ce branquignole de Richard est un junk… il s’en fout plein les narines comme tous les autres… ça me dégoute, tiens… le voilà qui rit aux éclats maintenant…
— De joie… ? Comment ça, tu pleures de joie… ?!
Comme un coup de fouet sur le cul rebondi d’une vieille mulâtre soumise… comme un vide effrayant qui aspirerait tous mes neurones un à un… comme une chute sans fin dans un étrange néant sidéral… j’étouffe… j’attrape ma Ventoline sur la table de nuit… Fuiiit… Fuiiit !
— Le Nobel ? Quoi ?! Comment ça, le Nobel ? Tu crois peut-être que ça me fait rire, du con ?! Il est trois heures passées et je… je t’emmerde ! Je t’emmerde, t’entends ?!
Un smoking. Il te faut un smoking, qu’il dit. Et que je passe chez le coiffeur aussi, c’est important. Fuiiit… Fuiiit… !
— Oui… je prépare un discours… bien sûr, tu as raison, Richard… un beau discours… comme celui de Le Clézio… mais bien sûr, que je vais m’appliquer… oui, mais bien évidemment que cela me fait plaisir… non, je ne m’y attendais pas, pas une seconde, tu penses bien… le Nobel… oui, c’est énorme… énorme… tu es content pour moi ? Oui, moi aussi ! Oui, c’est ça, à demain, Richard… je passe vous voir… oui, c’est sympa, une petite fête, et tout le monde sera là… c’est gentil à vous… !
— Mais… qu’est-ce que tu fous… ? T’as vu l’heure ?!
— Rien… rien du tout ! Il n’y a rien… rendors-toi, chérie… !
Fuiiit… fuiiit…
Texte et photographie Ernest Salgrenn. Janvier 2022. Tous droits réservés.
» Ce type se drogue, j’en suis persuadé… je crois que je l’ai toujours su… ce branquignole de Richard est un junk… il s’en fout plein les narines comme tous les autres… ça me dégoute, tiens… le voilà qui rit aux éclats maintenant… »
Question Nobel, le Richard doit sniffer de la poudre…à canon ou se shooter à la nitroglycérine… 🤪😤
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la nitroglycérine, c’est pas plutôt pour les suppositoires ?!
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Ah ça y est, tu l’as eu ? Félicitations Ernest, tu l’as bien mérité ! Maintenant tu peux dormir tranquille sur ta couronne de lauriers.
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Quelqu’un aurait un smoking à me prêter ?
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J’ai gardé celui de mon papa, mais il est blanc et date d’une période disons, un peu… coloniale.
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Blanc ? Je ne savais même pas que cela existait en blanc ! Faut que je vois, si la remise du prix a lieu en été, pourquoi pas… ! Merci en tout cas pour l’offre. Bonne soirée Dominique.
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Service !
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Fuiiit-fuiiit c’est : fuit-fuit ou pshittt-pshittt ?
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Et shuiit-shuiit ? Non ! Après tout, je l’aime bien ce fuiiit-fuiiit !
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Il y a des moments, continuer à dormir est plus gratifiant que de se réveiller…
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Ernest à Stockholm, ça aurait de la gueule.
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Bravo, j’essaie de persuader ma chérie que ce que j’écris sur internet ma vaudra le premier nobel numérique. J’y crois, pas elle. Par contre j’ai écris les deux premières pages de mes mémoires et elle commence à reluquer les annonces de villa avec piscine, c’est dire si elle croit en moi.
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Bienvenu Damien (et Demoral) dans le monde d’Ernest ! Petite visite (du coup) sur ton blog (ouais, je crois qu’on peut se tutoyer) qui m’a l’air pas mal du tout côté déjanté grave ! Mon petit doigt me dit qu’on pourrait devenir pote… Bonne journée à toi.
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